L’Institut Supérieur de Musique de Tunis

L’Université de Tunis

L’Université de Strasbourg

Le laboratoire de recherche en culture, nouvelles technologies et développement

organisent

la Journée d’Etude

 Comment mener et valoriser une étude « scientifique »?

Par : Samir Becha et Mondher Ayari

Le jeudi 27 avril 2023 au siège de l’ISMT.

 

Valoriser une étude par la publication scientifique en suivant des modèles de pensée ou de rédaction imposés par certaines revues à comité de lecture, était toujours la question la plus fréquente chez les chercheurs de différentes disciplines. N’ayant pas de réponses à cette question, les jeunes musicologues s’aventurent consciemment dans le chemin du tâtonnement et de l’incertitude. Or, la recherche est un processus intellectuel qui s’appuie fondamentalement sur l’élaboration des problématiques et des hypothèses en rapport avec l’état de l’art et des avancées scientifiques concernant l’étude d’un phénomène donné. L’objectif est de proposer des éléments de réponses à des investigations, de donner des résultats interprétés par rapport à une grille de déchiffrement particulière (modèle social, religieux, mathématique, cognitif, …), et des analyses systématiques (ou comparative, stylistique,…) mettant en évidence des méthodes, des outils et des modèles de raisonnement et d’investigation (théorique, statistique, expérimental, …).

La musicologie tunisienne actuelle s’intéresse à analyser des corpus d’œuvres différents (ancien/actuel, populaire/savant, oral/écrit, interprétatif/sonores, …), à chercher dans ses dimensions (historiques, culturelles, formelles, …), à s’interroger sur les processus de sa transmission, (de son apprentissage et de sa réception), à expliciter les contextes (sociaux ou acoustiques) et les enjeux artistiques et esthétiques de sa production, à identifier les traces de son identité (origine, genèse et évolution), et ainsi de suite. C’est accéder, en quelque sorte, à un ensemble d’interrogations et questionnements épistémologiques à partir desquelles il est convenu que toutes les formes du savoir sont aussi nécessaires pour servir à une réflexion musicologique.

Malgré toute cette panoplie d’argument et toutes ces sources de connaissances, il est toujours nécessaire de concevoir ou de justifier une démarche conforme à une étude dite « rigoureuse » et « scientifique ». En fait, la science ne conduit pas à la vérité, mais elle la côtoie, tout en cherchant ce qui est supposé être faux, dans un esprit d’intégrité et de légitimité (artistique, anthropologique, sociale, cognitive). Cela veut dire que la vérité est variable, puisqu’elle émane d’un progrès intellectuel évolutif appartenant à une époque, à un contexte et une pensée qui lui est propre, pour dire que la vérité est toujours ce que l’on souhaite, mais pas ce que l’on pense.

L’objectif de cette journée d’étude internationale n’est pas de standardiser une forme de pensée ou suggérer un modèle de raisonnement particulier. Au contraire, elle vise à contribuer à une  anthropologie plus générale des phénomènes musicaux étudiés en mettant en évidence des réflexions épistémologiques et méthodologiques sur les ambiguïtés des discours et leurs modalités multiples. Il s’agit d’interroger les chercheurs musicologues (archivistes, historiens, sociologues, psychologues, spécialistes en analyse, ou en technologie moderne, …) à revenir sur leurs outillages, à réfléchir sur les enjeux de leurs démarches, à déterminer la pertinence de leurs données et enfin à réfléchir aux retombés (musicologiques, pédagogiques, technologiques, …) de leurs résultats. Un intérêt particulier sera porté également sur la nécessité aujourd’hui d’aborder le processus de la rédaction et de la valorisation scientifique qui pourraient aider les chercheurs à communiquer leurs savoirs dans des sociétés savantes internationales et à publier leurs recherches dans des revues spécialisées reconnues par leurs qualités et leurs réputations académiques.

Les participants à cette journée d’étude internationale sont amenés – à partir de  leur terrain et leur discipline spécifique –  à réfléchir à ces enjeux en tenant compte des thèmes de recherche suivants (non limitatifs) :

– Questions méthodologiques et épistémologiques sur les savoirs musicologiques en Tunisie,

– Modélisation (théorique, cognitive, mathématique ou computationnelle) des savoirs musicaux relevant de l’oralité (intelligence artificielle, musicologie computationnelle),

– Usages terminologiques, méthodologie et discours,

– Crédibilité et pertinence d’un texte musicologique,

– Analyse perceptive, stratégies (performatives, cognitives) et conduites de l’écoute,

– Critères analytiques et détermination de pertinences (culturelles, sociales, religieuses…) dans l’analyse et la réception de faits musicaux,

– Liens et rapports entre arts (ou pratiques sociales), sciences ou nouvelles technologies,

– Comment accéder aux savoirs musicaux spécifiques, et comment interroger le sujet  acteur (auditeur, interprète, compositeur, chef d’orchestre) sur son expérience esthétique d’écoute musicale (en ethnomusicologie, psychologie, neurosciences…)?

– Étude de l’acte musical (oral ou écrit) et analyse des traces (mémorielles, vécus partagés, émotions…)

– Protocoles, consignes et  méthodes d’expérimentation humaine en psychologie du développement, psychopédagogie, enseignement oral,

– Théories (techniques, procédures et principes d’organisation) de l’orchestration des musiques modales monodiques, polyphoniques : écriture et composition des textures sonores, du timbres et des effets orchestraux (études acoustiques, analyse de signal, organologie).

– Histoire, archivage, mise en forme, établissement des réseaux de connaissance et apport sur la réflexion musicologique.

Programme Journée Etude