Par Samir Becha

REPUBLIQUE TUNISIENNE

Ministère de l’Enseignement Supérieur et de la Recherche Scientifique

Université de Tunis (UT)

Les associations Brachylogia & Questions et concepts d’avenir (QCA)

organisent, en partenariat avec

Le Laboratoire de recherche en cultures, nouvelles technologies et développement (Lab CUNTIC)

L’Unité de Recherche en Etudes Brachylogiques (UREB)

L’Institut Supérieur de Musique de Tunis (ISMT)

& La Coordination – CIREB :

2ème JOURNEE D’ETUDE DE LA BRACHYLOGIE DES ARTS (JEBA)

Arts, engagement et esprit de conversation

(Tunis, 03 mai 2019, ISMT, av. de Paris)

PROGRAMME

9h. Accueil des participants et inscription

– Allocution de M. Samir Becha coordinateur de la journée, président de l’Association Brachylogia et directeur de l’ISMT

– Allocution de M. Mansour Mhenni, Professeur Émérite en langue et Littérature française, président de l’association QCA (Questions et concepts d’analyse)

– Allocution de Mme. Monia Kallel, membre de l’UREB  (Unité de Recherche en  Etudes Brachylogiques)

Première séance : Dialogue & esprit de conversation

Président : Samir Triki

9.30 : Hamdi Mlika, docteur en philosophie des sciences, Université de Kairouan

Wittgenstein ou comment mettre en dialogue arts et logique

9.45 : Houcine Bouslahi, docteur en langue et littérature françaises, Université de Tunis

La musique et la peinture à l’épreuve de la temporalité. Les cas de Antonio Vivaldi : « Introduction au printemps » et de Wassili Kandinsky : « Composition VII« 

10h : Faten Bou Sabbah, doctorante en musique et musicologie, enseignante à ISCE, Université de Carthage

Le mode: Brachylogie musicale

10.15 Pause café

Deuxième séance : Musique, culture & engagement

Président : Anis Meddeb

10.45 Aicha Kalleli, docteure en musicologue, enseignante à ISM, Université de Tunis

الالتزام في الممارسة الموسيقية المعاصرة في تونس

11. Anis Klibi, docteur en sciences du patrimoine, enseignant à l’ISM, Université de Tunis

التأليف الموسيقي بين الحرية والالتزام

11.15 Seifeddine Bouraoui, doctorant en musicologie, ISM de Tunis

براكيلوجيا الموسيقى ودورها في تنمية الذاتية الفنيّة

11. 30 Samiha Fareh, doctorante chercheure en musicologie, ISM de Tunis

الالتزام المعرفي ضمن أشغال العمل الميداني

Troisième séance : Art & Liberté

Présidente : Zouhour Ben Aziza

14h. Feriel Bouhdiba, docteure en Arts et Sciences de l’Art, enseignante à l’ISMT, Université de Tunis

Musique et engagement : Essence transformative partagée et vocation libératrice

14.15 Lamia Bouhdiba, avocate, docteure en Arts et Sciences de l’Art de l’Université Paris 1, Panthéon Sorbonne.

Liberté, égalité, musique : réflexions autour de la chanson engagée

14.30 Wafa Bourkhis, docteure en Arts plastiques à l’ISAMM, Université Mannouba

L’art engagé dans les espaces publics : la démocratisation de l’art et la liberté d’expression

Argumentaire

L’art se définit d’abord comme un acte culturel, en interaction avec la nature mais non nécessairement en imitation. Il se veut acte de création à la rencontre de la subjectivité et de l’intellect de l’artiste, mais aussi acte d’interpellation d’une attention et d’une disponibilité de conversation, dans l’esprit des correspondances baudelairiennes où « les parfums, les couleurs et les sons se répondent. [Et] chantent les transports de l’esprit et des sens ».

C’est là que l’art croise l’esthétique et la poétique brachylogiques où les dynamiques centripète et centrifuge, et le va-et-vient entre le silence et la parole, le dit et le non-dit, le détail et l’ensemble, actualisent, appellent et instaurent un état d’esprit conversationnel où l’échange prend différentes formes et des voix(es) variées comme l’interdisciplinarité, l’interaction discursive et toutes les formes de l’interculturel.

L’art plastique commence par un point, la musique par deux sons, le cinéma par une séquence d’images dynamiques, la dance par un pas ou un geste, le théâtre par un corps parlant, etc. La plus petite chose est la source de toute grandeur ; elle est l’origine de toute création. N’y aurait-il pas là de quoi réviser certaines échelles de valeurs et de quoi repenser le concept même de l’engagement ?

L’engagement est venu établir un nouvel abord de la question artistique en lui imposant un rapport d’utilité directement ou indirectement politique. C’est à Sartre qu’on ramène souvent cette notion, aux années soixante du XX° siècle. On ne manque cependant pas de souligner que depuis Montaigne au moins, et surtout avec les philosophes des Lumières, le rapport à l’art n’était pas dénué de certaines formes d’engagement. On oppose alors à cette vision, celle des Romantiques, notamment avec la notion de « l’Art pour l’art » qui aurait ses racines dans la théorie du Beau chez Kant, au XVIII° s, et qui s’étendrait jusqu’à l’idée de la poésie pure chez l’abbé Bremond. La poésie pure serait-elle la musique pure ? Un discours sans la parole, cette autre façon de se dire et de dire l’être et le monde, jusqu’aux confins de l’indicible !

Au centre de cette opposition, c’est l’idée de liberté qui s’installe ; mais de quel côté se place-t-elle ? Du côté de la liberté de l’artiste, créant le beau sans nulle contrainte ou du côté de la revendication de la liberté comme un engagement pour la démocratie ? Au fait, de quelle démocratie s’agiait-il ? Et la liberté, est-elle individuelle ou collective ? Est-elle personnelle ou soci(ét)ale ? L’art lui-même, jusqu’à quel point peut-il être individuel dans une société et jusqu’à quel point l’art collectif peut-il sauvegarder la liberté individuelle ?

On voit déjà s’esquisser la nature des questions soulevées par cette problématique, surtout en relation à l’esprit de conversation et à l’idéal démocratique qui sont au centre de la pensée brachylogique et qui nous imposeraient aujourd’hui de repenser les concepts de base et les questions d’usage de l’avenir de notre vivre-ensemble.