Nul n’est prophète en son pays. Dans le notre, le dicton prend-il des allures de devise ? L’après-midi du dimanche 26 mars 2017 a réservé une très belle surprise à ceux qui ont laissé leurs pas les guider jusqu’à Dar Sebastian. Les évènements se succèdent mais ne se ressemblent pas dans ce lieu lui-même très singulier. Aujourd’hui, ce fut le tour de la résidence des étudiants de l’Institut Supérieur de Musique de Tunis, encadrés par l’universitaire et luthiste Nabil Saïed, d’offrir leur concert de clôture de stage. La musique adoucit les mœurs, dit-on. On a eu l’occasion de le vérifier cet après-midi. La douceur était effectivement au rendez-vous, avec toutefois une pointe d’originalité apportée par la fraicheur des artistes qui se produisent la première fois sur scène pour la plupart d’entre eux. Une expérience édifiante pour ces jeunes pleins d’enthousiasme et vivifiante pour le public venu autant les encourager que goûter à la belle musique extraite d’un répertoire certes classique, mais parfois malicieusement revisité, ici par des percussions taquines, là par un piano tantôt bienveillant, tantôt colérique comme une mère le serait avec ses enfants. Un tour d’horizon musical qui nous a fait tournoyer d’un coin à l’autre de la grande salle de Dar Sebastian, nous faisant voyager d’une émotion à l’autre et d’une musique à l’autre. Un dialogue des plus inattendus entre le luth et le piano offre un métissage qui s’éloigne peu à peu du nahawand oriental pour rejoindre les rives du Jazz afro-américain. Les performances vocales ont révélé des talents certains et l’interprétation d’Ahmed Rebaï augure d’une carrière digne des plus grands. Bravo Maestro ! Une évidence saute aux yeux à la vue de ce spectacle : une équipe soudée autour de l’amour de l’art et un directeur de stage efficace et performant car doté d’une générosité et d’une bienveillance sans bornes. Qui a dit que l’enseignement supérieur est en crise ? Au vu de ce magnifique spectacle, on peut affirmer sans craindre de se tromper que les étudiants sont réceptifs à la formation de qualité qu’ils reçoivent. La musique a réponse à tout ; la musique valorise ; la musique est La Réponse. Comparés à d’autres filières, les départements de musique et de musicologie sont assez récents en Tunisie : un peu de fraicheur dans un monde qui sent de plus en plus le moisi…
Rym Kheriji
Les étudiants/artistes dans l’ordre alphabétique :
– Abdesselem Mrad : chant
– Ahmed Bige : violoncelle
– Ahmed Hermassi : violon
– Ahmed Rebaï : chant
– Ahmed Yazidi : percussions
– Amine Belak’hal : violon
– Amine Jarraya : luth
– Anis Agrebi : luth
– Chiraz Idrissi : luth
– Cyrine Brinsi : qanûn
– Cyrine Mansouri : chant
– Ghazi Khanchouch : nay
– Habib Ben Atia : violon
– Iheb Toumi : violoncello
– Lilia Ben Chikh : chant
– Maram Bouhbel : chant
– Najd Bounawara : luth
– Nour Skander : luth
– Rahma Belhaj Yahia : luth
– Rim Zakraoui : violon
Les enseignants :
– Nabil Saïed : luth et encadrement
– Toyoko Azaïez : piano